Economic Update

Published 12 Nov 2013

In English

Les autorités tunisiennes envisagent une recapitalisation à hauteur de 1,1 milliard de dollars des banques publiques du pays au cours des deux prochaines années, espérant ainsi réduire les risques auxquels est exposé le secteur financier du pays et rassurer les investisseurs. D’un montant équivalent à 2,6% du PIB, la somme pourrait apporter aux trois banques publiques l’élan dont elles ont besoin pour renforcer leur bilan, réduire l’impact des créances douteuses et commencer à amoindrir leur forte dépendance envers les injections de liquidités de la banque centrale.

Le projet de recapitalisation constitue l’un des éléments clés d’une vaste stratégie de restructuration du secteur, comme l’ont souligné des responsables tunisiens dans une lettre adressée au FMI et publiée au mois de juin. La décision du FMI d’approuver un accord de confirmation de 1,74 milliard de dollars en faveur du pays d’Afrique du Nord, fondée en partie sur les promesses du gouvernement de remédier aux faiblesses du système bancaire, laisse penser que la réforme pourrait bien avoir des effets positifs substantiels.

Audit des organismes prêteurs publics

L’un des aspects centraux du projet du gouvernement passe par l’audit, la réforme et une éventuelle restructuration des trois banques publiques : la Société Tunisienne de Banque (STB), la Banque Nationale Agricole (BNA) et la Banque de l’Habitat (BH).

Ces institutions se sont vues confrontées à des difficultés ces dernières années, qui s’expliquent en partie par les prêts importants accordés au secteur du tourisme, qui a subi à la fois les effets de l’instabilité politique intérieure et du ralentissement économique en Europe. De plus, comme le notait le gouvernement dans sa lettre du mois de juin, les banques publiques ont été sujettes à « une faible gouvernance par le passé, les conduisant à accumuler d’importants stocks de créances douteuses ». Aujourd’hui, les trois banques publiques représentent environ 40% des actifs du secteur mais elles affichent le plus fort taux de créances douteuses, soit environ 30% à mi-2013, contre 9% pour le secteur privé.

Renforcer la position de ces trois banques constitue une priorité et un élément d’une vaste stratégie visant à stimuler la croissance économique. Ainsi, le gouvernement s’apprête à injecter plus d’1 milliard de dollars, conformément à l’Évaluation de la stabilité du système financier tunisien à laquelle s’est livrée le FMI.

La décision finale du gouvernement quant au montant et à l’échéance de la recapitalisation reposera sur les résultats d’audits externes menés par des cabinets du secteur privé. L’audit de la STB sera réalisé par Pricewaterhouse Coopers, celui de la BNA par un groupe représenté par Finance et Gouvernance et composé de Bain&Company et le cabinet de conseil tunisien NEJI Fethi, et enfin celui de la BH par Roland Berger Strategy Consultant/FICOM et ORGA Audit.

À l’annonce des résultats des audits, le gouvernement aura le choix entre trois options : recapitaliser les banques dans leur forme actuelle afin de couvrir les faiblesses de la qualité des crédits et d’absorber d’éventuelles pertes futures, fusionner deux banques publiques ou plus, ou réduire la participation de l’État dans ces institutions. Le montant final de la recapitalisation pourra être revu à la hausse ou à la baisse, voire totalement éliminé, suivant la voie que l’État choisira d’emprunter. Mi-2013, le gouvernement a déclaré vouloir financer les besoins initiaux de recapitalisation par l’émission de bons du trésor non-négociables.

Une série de réformes plus générales

L’audit des banques publiques ne constitue qu’une partie d’un programme plus vaste mis en place pour améliorer la solidité du secteur bancaire dans son ensemble. Par exemple, le gouvernement a annoncé fin juin un projet de création d’une société de gestion d’actifs qui absorbera les dettes du secteur touristique en échange d’obligations garanties par l’État. Selon la Banque Centrale de Tunisie (BCT), le secteur du tourisme représente environ 20% des créances douteuses. Ce projet pourrait donc contribuer à une rationalisation considérable des actifs bancaires sur le moyen terme.

La BCT a également déclaré qu’elle allait introduire des mécanismes permettant de prévoir avec plus de précision les besoins de liquidité du secteur bancaire et ainsi réduire graduellement les injections massives de liquidités. En outre, depuis fin août 2013, les banques sont dans l’obligation de garantir au moins 10% du refinancement de la nouvelle banque centrale par des bons du trésor, un chiffre qui devrait être relevé à 20% pour chaque banque d’ici décembre 2013. La BCT compte relever ce plafond progressivement au cours des deux prochaines années dans le but d’éliminer, à terme, le recours à des créances comme garanties pour le financement de la banque centrale. Enfin, la BCT entend également acheter des obligations publiques à long terme et assouplir les plafonds existants sur les taux d’intérêt à court terme, dans le cadre d’une stratégie visant à augmenter les réserves de liquidité du secteur bancaire et à encourager les transactions interbancaires.

Ces réformes viennent s’ajouter aux engagements annoncés plus tôt tels que l’institution de provisions collectives pour améliorer la couverture des risques et un relèvement graduel du ratio de solvabilité de 8% à 9% d’ici fin 2013 et de 10% fin 2014. Compte tenu du climat économique actuel, le programme de réformes sera difficile à mettre en œuvre mais le gouvernement s’est toutefois engagé à réformer son système bancaire, une nécessité pour stimuler la reprise économique et renforcer les marges de manœuvre budgétaire et extérieure.

Une version précédente de cet article mentionnait que l’audit prévue de la BNA devait être réalisé par un consortium comprenant Bain & Company et le cabinet de conseil tunisien NEJI Fethi. Nous souhaitons clarifier que le cabinet français Finance et Gouvernance fait également partie du groupe et représente le consortium.

 

 

 

 

Tunisia takes steps to bolster the banking sector

En Français

Authorities in Tunisia are considering a $1.1bn recapitalisation of state-owned banks over the next two years in an effort to help reduce risk in the country’s financial sector and reassure investors. Equivalent to 2.6% of GDP, the funds could provide the boost that the three public banks need to strengthen their balance sheets, reduce the impact of non-performing loans (NPLs) and begin to scale back their heavy reliance on central bank liquidity injections.

The recapitalisation plan is a key element of a broader strategy to overhaul the sector, as outlined by Tunisian officials in a letter to the IMF published in June. The IMF’s decision to award the North African country a two-year, $1.74bn stand-by agreement, partly on the basis of the government’s promises to address weaknesses in the banking system, suggests that the benefits of reform may be substantial.

Audit of state-owned lenders planned

A central component of the government’s plan is the audit, reform and possible restructuring of the three state-owned banks: the Société Tunisienne de Banque (STB), Banque Nationale Agricole (BNA) and Banque de l’Habitat (BH).

These institutions have faced complications in recent years partly due to their heavy lending to the tourism industry, which has been hit by both domestic political instability and the economic slowdown in Europe. Moreover, as the government noted in its June letter, state-owned banks have been subject to “poor governance in the past that led to a significant accumulation of NPLs”. Today, the three public banks represent nearly 40% of sector assets but have the highest rate of NPLs, at around 30% in mid-2013, compared to a 9% NPL rate in the private sector.

Strengthening the position of these three banks is a priority and part of a broader effort to stimulate economic growth. As such, the government is preparing to inject more than $1bn, in line with the IMF’s 2012 Financial System Stability Assessment of Tunisia.

Ultimately, the government will base the amount and timing of recapitalisation on outside audits to be carried out by the private sector. The STB will be reviewed by Pricewaterhouse Coopers; the BNA by a group represented by Finance et Gouvernance, and including Bain & Company and Tunisian consultancy cabinet NEJI Fethi; and the BH by Roland Berger Strategy Consultant/FICOM and ORGA Audit.

Once the results are known, the government will have one of three options: recapitalise the banks in their existing form to address weak loan quality and absorb any future losses, merge two or more public banks, or sell off a portion of the state’s interest in the entities. The final recapitalisation amount can be revised up or down, or even eliminated entirely, depending on the direction the state chooses to take. In mid-2013 the government has stated that it plans to generate the initial recapitalisation funds through the issue of non-negotiable government securities.

Broader reform package

The audit of the state-owned banks is just one part of a larger programme that has been set up to improve the soundness of the broader banking sector. For example, the government announced in June that it would create an asset management company that will absorb bad tourism assets in exchange for state-guaranteed bonds. The central bank (Banque Centrale de Tunisie, BCT) estimates that the tourism sector accounts for around 20% of all NPLs, and this move could help to streamline bank assets considerably in the medium term.

The BCT has also said it will introduce mechanisms to more accurately forecast bank liquidity needs in its effort to gradually reduce its considerable liquidity injections. Furthermore, starting in late August 2013, banks were required to guarantee at least 10% of new central bank refinancing through government securities, with plans to increase this to 20% for each bank by December 2013. The BCT aims to raise this progressively over the next two years in an effort to eventually eliminate the use of loans as collateral for central bank financing. Finally, the BCT also aims to purchase long-term government bonds and loosen the creditor interest rate ceilings in the short term, as part of a plan to boost liquidity in the banking sector and encourage interbank transactions.

These reforms arrive on top of previously announced commitments such as collective provisioning requirements to protect against latent risk and a gradual increase of the capital adequacy ratio from 8% to 9% by 2013 year-end and 10% in 2014. The reform programme will be difficult to implement given the current economic environment, yet the government has committed to a bank overhaul process that will be necessary to stimulate economic recovery and rebuild fiscal and external buffers.

An earlier version of this article reported that the planned audit of the BNA would be conducted by a consortium composed of Bain & Company and Tunisian consultancy cabinet NEJI Fethi. We wish to clarify that the France-based Finance et Gouvernance is also a member of the group, and represents the consortium.